Au creux des heures sombres, lorsque la ville dort,
Les tours de l’avenue d’Ivry ne sont jamais entièrement
Plongées dans l’obscurité.
A chaque étage, un, deux ou trois appartements sont éclairés.
Dans les chambres, les salons, les cuisines,
Des visages se défont sous le regard de l’horloge.
Dans les tours de l’avenue d’Ivry,
Des hommes et des femmes désertés par le sommeil
Songent aux phrases qu’ils n’ont pas dites.
Ils toussent pour déloger les secrets coincés dans leur gorge
Ils boivent pour faire passer les silences
Ils se promettent de faire mieux au lever du jour
Au-dessus des tours, le corbeau antique déploie ses ailes,
Il emmène avec lui les nuages de larmes
Et l’ombre des non-dits.