
Ils étaient les hommes puissants
Ceux enfilant chaque matin un costume noir
Ceux que l’on laisse passer sur le trottoir
Parce qu’ils ont l’air
Si importants.
Ils étaient les hommes puissants
Aux fronts toujours stressés
Partant tôt, rentrant tard
Leur téléphone vibrait
A chaque minute
Le soir ils déposaient un baiser
Sur le front de leurs épouses
Sur les joues de leurs enfants
Ils murmuraient des excuses :
Le mois prochain sera plus calme
Désormais les hommes puissants
N’enfilent plus leurs costumes
Ne sortent plus ne vibrent plus
N’ont plus l’air si important
Ils découvrent leurs foyers
Ils découvrent leurs épouses
Ils découvrent leurs enfants
Ils découvrent la peur
Ils se réveillent la nuit
La gorge oppressée
La poitrine creusée par le vide
Ils tombent dedans